Découvrez la Corée en vélo avec Jonathan B. Roy

En 2016, le Québécois Jonathan B. Roy s’est lancé un défi fou : faire le tour du monde en vélo. On peut le suivre sur son blogue Jonathan B.Roy, mais il s’est aussi fait connaître du grand public grâce à ses interventions régulières à l’émission Gravel le matin, à la radio de Radio-Canada. Dernièrement, il relatait sa traversée de la Corée, qui suivait celle de la Chine, laquelle fut quelque peu décevante. Contrairement à elle, son expérience en Corée fut « paradisiaque ». En écoutant son entrevue, j’ai aussitôt eu envie d’en savoir davantage.
C’est toujours intéressant d’avoir des informations de la part de quelqu’un d’ici pour faire connaître un nouveau pays où pédaler et aussi parce que les Québécois adorent faire du vélo et ce, été comme hiver ;-). Je ne connais pas Jonathan mais après avoir laissé un message sur sa page Facebook, il a gentiment accepté de répondre à mes questions. Je peux vous dire que cet homme est d’une générosité incroyable.

Contexte

Pour ceux qui ne connaissent pas le parcours de Jonathan, voici une courte présentation :

Je fais le tour du monde à vélo. Je suis parti d’Angleterre en mars 2016 pour me rendre en Malaisie, 14 mois plus tard ! J’y ai travaillé une année et j’ai écrit mon livre «Histoires à dormir dehors» avant de reprendre la route en juillet 2018. La Corée du Sud était ma 31e destination, entre la Chine et le Japon.

À quand remonte ton dernier séjour au Québec ?

Je suis revenu entre avril et juin 2018 durant un mois et demi environ pour faire la promotion de mon livre publié aux Éditions Vélo Québec. Puis je suis retourné rouler en Asie jusqu’au début novembre. Je suis de nouveau de retour au pays jusqu’au 12 décembre, notamment pour le Salon du livre de Montréal et une série de conférences. Je reprendrai ensuite la route en direction de l’Amérique du Sud.

Comment as-tu bâti la planification de ce périple en Asie (itinéraire, pays visités, etc.) ? Comment te prépares-tu physiquement et mentalement à cette expérience hors du commun et, à n’en pas douter, très exigeante?

La planification est surtout importante au niveau des climats et de la durée des visas. Si le pays où je prévois rouler se situe sur une latitude nordique, je dois tenir compte de l’hiver. Ma route au quotidien n’est pas calculée, elle varie en fonction de la qualité des chemins, de ce que j’ai envie de voir et de mes rencontres. Je sais que je peux rouler jusqu’à 2000 km par mois si nécessaire, mais je me situe en moyenne autour de 1400 km. Je n’ai pas suivi de préparation spécifique. Une bonne condition physique est recommandée bien évidemment,  mais en ce qui me concerne, l’entraînement se fait au fur et à mesure, sur le terrain, (c’est le cas de le dire). À force de rouler, on devient plus fort physiquement et mentalement, et on acquiert des trucs.

Quand on part aussi longtemps, seul, la solitude doit être présente et pesante, comment fais-tu pour ne pas la ressentir ?

J’écoute des podcasts, tout le temps. Ça permet de satisfaire ma curiosité et de me concentrer sur autre chose que l’effort ou la monotonie d’une route. Je suis néanmoins très bien avec moi-même. Selon moi, on n’apprend pas assez à vivre avec la solitude, aujourd’hui. Être seul permet de mieux réfléchir. En voyage, elle permet aussi de faire plus de rencontres et d’être davantage disponible aux autres et aux différentes opportunités.

Comment gères-tu ta santé, ton alimentation pour faire de longues distances ?

Ici aussi, pas de gestion particulière. Je mange ce qui se présente sur ma route. Ça peut être mes propres repas, ou ceux pris dans des petits restaurants, ou dans des dépanneurs. J’essaie de toujours avoir de la nourriture avec moi, mais je mange la même chose que les gens qui habitent les lieux que je traverse. Je me considère bien davantage un explorateur qu’un athlète.

Je n’ai pas tant de trucs « santé » particuliers non plus. Quelques sachets d’électrolytes en cas de petites «maladies» de parcours. Quelques pilules contre la malaria pour certaines régions. Mais c’est tout.

Est-ce que tu as eu peur à certains moments, au point d’envisager de t’arrêter ?

Je n’ai jamais eu peur, mais j’ai été inquiet à 2 ou 3 reprises. Notamment lorsqu’un homme a menacé de me tirer dessus au Kirghizistan, comme je le raconte dans mon livre. Mais l’idée d’interrompre mon voyage ne m’a jamais traversé.

Que savais-tu de la Corée avant de partir ? Et qu'est-ce qui t'a surpris là-bas ?

Que c’était sur mon chemin, entre la Chine et le Japon ! Je voulais aller rouler au Japon, mais je ne connaissais presque rien de la Corée. J’ai été agréablement surpris par la beauté des paysages, la facilité de rouler sur les pistes cyclables comme sur les routes, la cuisine coréenne qui ressemble à la cuisine japonaise mais en plus épicée. Beaucoup de Coréens font du vélo, mais ils s’habillent de la tête au pied comme si les rayons du soleil étaient radioactifs !

As-tu rencontré des difficultés en Corée ?

La seule mais de taille, est que j’ai été pris dans un typhon durant la deuxième moitié de mon trajet. La pluie n’a pas cessé pendant une journée et demie. J’étais transi de froid, et j’ai dû enfiler un sac à ordures sous mon manteau pour essayer de contrer l’humidité. À l’issue de cet épisode torrentiel, le niveau des rivières avait augmenté d’au moins un mètre et demi. J’ai dû quitter la piste à plusieurs reprises car elle était rendue impraticable, pour emprunter des détours et poursuivre ma route. Mais tout ça ne fait que de meilleures histoires ! Les gens ne sont pas les plus ouverts et parlent rarement anglais. C’est possible de trouver des gens avec qui communiquer, mais ça demande un certain effort.

La Corée est un magnifique pays à traverser à vélo. L’un des meilleurs en fait. La piste cyclable des 4 rivières est fantastique et facile à suivre.

Quelles sont tes prochaines étapes ?

Je repars en décembre pour Ushuaïa en Amérique du Sud. Mon plan est de remonter la côte Ouest de ce continent jusqu’à l’Amérique centrale. Et pourquoi pas poursuivre jusqu’au Québec !

J’espère que cette entrevue et les photos de Jonathan vous auront donné, comme à moi, l’envie de faire votre valise… avec ou sans vélo ! 😉

Merci à Jonathan pour son temps et ses magnifiques photos et bonne chance pour ses projets à venir.
Merci à mes ami(e)s cyclistes qui m’ont renseigné sur les besoins de la pratique du vélo sur de longues distances.

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