Des femmes d'exception les Haenyeo

En cette journée internationale des femmes, je voudrais vous parler des Haenyeo ou Femmes de la mer. Ces plongeuses sont non seulement une fierté nationale pour la Corée du Sud, mais également un symbole de force, de détermination, d’entraide et de respect de l’environnement. Je vous avoue que pour moi, elles ont un autre atout : elles vivent sur l’île magnifique de Jéju, dont je suis tombée littéralement amoureuse, et je vous montrerais pourquoi !

Leurs outils de travail

Les historiens ont retrouvé des traces des Haenyeo dans des écrits de l’époque de la dynastie Joseon (1392-1910). Elles plongent pour ramasser des fruits de mer comme les ormeaux, les concombres de mer, les conches et les hijiki (algue noire) et avec un minimum d’équipement : un masque, un bitchang (une tige en métal) qui leur permet de décrocher les coquillages des rochers, un tewak (un panier qui flotte à la surface de l’eau dans lequel elles mettent leur butin), et quelques poids autour de la taille pour faciliter leur descente.

Un métier pas facile du tout !

Elles apprennent à plonger à l’âge de 7 ans, acquièrent leur plein potentiel (Muljil) vers 18 ans et sont considérées comme excellentes vers 35 ans. Les Haenyeo ont une forme physique à faire pâlir un athlète sportif : une capacité respiratoire très développée, une grande résistance à la pression et à l’eau très froide, mais surtout un sang-froid à toute épreuve quand elles croisent de «gros» poissons !

Ces femmes peuvent descendre jusqu’à 10 mètres de profondeur et rester sous l’eau pendant deux minutes, et ce, en demeurant dans la mer jusqu’à 7 heures par jour.

Le port de la combinaison de plongée date seulement des années 1970. Avant cela, elles s’habillaient d’un simple ensemble de lin blanc (un short, une chemise-camisole pour le haut et un turban sur la tête) et hop, à l’eau ! Il fallait le faire, tout de même…

Une communauté d’entraide et très soucieuse de l’environnement

On ne se le cachera pas, ce travail exigeant représente avant tout une source de revenus pour ces femmes qui se retrouvent seules à subvenir aux besoins de leur famille. Elles gardent une partie de leur butin et vendent le reste aux restaurateurs et aux poissonniers de l’île.

Fières de leurs traditions et de leurs connaissances qui se transmettent de génération en génération, les Haenyeo suivent encore les mêmes rituels pour remercier la Nature de les protéger et de leur donner du travail. Elles ne sortent en mer que si les conditions le permettent, ne ramassent pas les coquillages en période de reproduction et s’assurent également de ne pas déstabiliser l’écosystème. Leurs connaissances des fonds marins de la région en font de précieuses conseillères auprès des biologistes. Dans le passé, leur communauté était très importante (près de 20 000 plongeuses dans les années 1960) et elle s’investissait en temps et en argent dans des projets sociaux tels que la construction d’écoles, de routes, etc.

Aujourd’hui…

Ce métier est peu populaire auprès des jeunes, on se demande bien pourquoi ! La moyenne d’âge de ces femmes est de 60 ans, certaines nagent encore à 80 ans. En 2016, la Corée du Sud a déposé la candidature des Haenyeo auprès de l’UNESCO afin qu’elles fassent partie du patrimoine culturel immatériel. Si vous vous rendez sur l’île de Jéju, ne manquez pas de faire un tour au très beau musée qui leur est consacré. Vous apprendrez tout sur leur quotidien, leur engagement et leur bataille pour maintenir un équilibre fragile entre leur métier dangereux et leur condition de femme.

En décembre 2016, la candidature a été retenue et donc, la culture des Haenyeo est inscrite à la liste du patrimoine culturel immatériel de L’UNESCO.

Mesdames, vous avez notre plus grand respect.

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