Mon expérience au BIFF : une révélation

Le BIFF : qu‘est–ce que c‘est ?

Pour ce billet, je vous parle d’une de mes passions : le cinéma. J’en mange littéralement. En 2015, il m’est arrivé un truc fou, absolument pas prévu, qui a éveillé ma curiosité pour l’industrie cinématographique en Corée. Je pars découvrir la superbe ville portuaire, Busan, au Sud de la péninsule coréenne.

Et par un concours de circonstances, j’ai la chance d’assister à la projection du film Anna du réalisateur québécois Charles Olivier-Michaud (Mémoires affectives, L’Ange de goudron) au Festival international du film de Busan (BIFF). À cette occasion, je réalise l’importance que le cinéma avait dans ce pays. Le BIFF est l’équivalent asiatique du Festival de Cannes, son rayonnement est immense. Un incontournable pour le marché asiatique mais pas uniquement.

Le cinéma en Corée du Sud : une histoire chaotique

Cette industrie a une histoire complexe, liée à la situation politique et économique du pays et qui a souligné ses 100 ans en 2019. Le premier film coréen, La Juste Vengeance, date de 1919, c’est une sorte de théâtre filmé. Le premier film parlant, Chunhyang-jeon, sort en 1935. L’occupation japonaise (1903-1945) et la guerre de Corée (1950-1953) ne facilitent pas la conservation de ce patrimoine, et ce sont surtout des documentaires de guerre et des films de propagande qui sont promus auprès du public. 

En 1954, le pouvoir politique abolit de nombreuses taxes concernant le cinéma (billets, production, etc.). Pour le peuple coréen, le cinéma devient alors le loisir numéro un et symbolise le retour à la vie normale. La Motion Picture Law est adoptée en 1962, à la demande du gouvernement militaire en place, qui impose la censure et muselle la créativité. Le cinéma national est privilégié au détriment des films étrangers (Europe et États-Unis) et la qualité des scénarios n’est pas la priorité, ce qui a pour effet de détourner les Coréens de leur cinéma, un phénomène renforcé par l’arrivée des télévisions dans les foyers.

Il faudra attendre les années 1980 et les émeutes sociales pour voir les choses basculer à nouveau. 1987 se présente comme l’année de la renaissance du cinéma coréen et l’industrie découvre un nouveau moyen de financement privé, les chaebols. Samsung, Daewoo, Hyundai, CJ et Lotte s’impliquent alors dans tout le processus de la fabrication d’un film, de la scénarisation aux salles de cinéma, ce qui va dynamiser l’industrie, comme en témoigne le nombre de salles de cinéma qui triplera entre 1999 et 2004.

Depuis les années 2000, le cinéma coréen connaît des succès retentissants et arrive à maintenir une part de marché quasi constante de 50 %. Ce succès repose beaucoup sur la qualité des scénarios et la diversité des genres. On le constate avec la présence récurrente des films coréens lors des festivals à l’étranger. Trois films coréens étaient présentés au Festival de Cannes en 2017 et leur travail est de plus en plus récompensé à l’étranger depuis le succès planétaire du film de Joonho Bong, Parasite en 2020 et ses trois Oscars. En 2021, la comédienne Yuhjung Youn brisait un nouveau plafond de verre en recevant l’Oscar du meilleur second rôle pour Minari, film américain.

Où voir des films coréens au Québec ?

Le festival Fantasia est une bonne façon de découvrir des nouveautés coréennes et leur programmation s’avère toujours de haut niveau. De plus, le cinéma AMC Forum à Montréal offre parfois des films coréens sous-titrés en anglais, mais ils ne restent pas longtemps à l’affiche. Si vous êtes en région, les plates-formes comme Netflix ou Korean on demand restent des valeurs sûres pour en découvrir certains.

Et qu’en est-il du cinéma québécois en Corée du Sud ?

Depuis deux ans, je pose des questions autour de moi pour savoir si le cinéma québécois est un peu connu en Corée. Des amis coréens m’ont appris qu’ils peuvent en voir à l’occasion, grâce aux festivals qui ont lieu dans le pays. Et je suis «surprise» de constater qu’on me parle de plus en plus des réalisateurs québécois tels que Xavier Dolan, Jean-Marc Vallée et Denis Villeneuve. Leur carrière internationale y est peut-être pour quelque chose. 😉

Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à aller lire mes articles sur la conférence organisée par monsieur Park en 2016 sur le thème du cinéma québécois et celui sur Xavier Dolan en Corée du Sud.

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